La croissance passe par la Pologne
Nétur
Chez Nétur, le maximum est fait pour améliorer la compétitivité de cette entreprise d’une cinquantaine d’employés. Quand la firme a déménagé en 2012, tous les déplacements d’opérateur ont été optimisés. « On n’est pas la PME 4.0, mais on est à peu près à 2.8, sourit Stéphane Turcotte, vice-président de Nétur, dans une allusion à l’usine du futur. Habituellement, une entreprise fait 150 000 $ de revenus par employé, nous sommes au double. »
Pour autant, Nétur doit affronter une concurrence permanente. Au Québec, M. Turcotte dénombre cinq entreprises ayant le même profil que la PME de l’arrondissement de Saint-Hubert. Et d’autres concurrents ne sont pas loin, en Nouvelle-Angleterre. « Avant, on était diversifiés, mais nous nous sommes centrés sur l’aéromoteur, indique Stéphane Turcotte. C’est un marché de niche, exigeant, qui demande de performer… mais qui est plus propice pour nous à long terme. »
Parmi ses clients, Nétur compte de grands acteurs de l’aérospatiale, comme Pratt & Whitney Canada, United Technologies (UTC), General Electric, Safran… Or, ces quatre clients sont actifs dans la région de Rzeszów, zone dans laquelle Nétur réalise déjà 10 % de son chiffre d’affaires. « Le sud de la Pologne est un gros pôle de l’aéromoteur, explique Stéphane Turcotte. L’Europe de l’Est a une main-d’œuvre très habile de ses mains, forte en génie mécanique. » Et ces talents se paient moins cher qu’en Amérique du Nord. « Là-bas, un agent de méthodes coûte 2000 $ par mois, contre le triple ici », précise M. Turcotte.
En 2012, Pratt & Whitney Canada invite Nétur à aller voir ce qui se fait en Pologne. « À l’époque, ouvrir un bureau à l’étranger me paraissait un défi immense », se rappelle Stéphane Turcotte. Mais la raison l’emporte. « Si on reste sur nos clients au Québec, on manque des opportunités, assure-t-il. Oui, c’est compliqué d’aller se placer à l’étranger, mais à moyen terme, c’est juste bénéfique. »
Cinq ans plus tard, à Rzeszów, Nétur est en train d’embaucher une équipe de quatre à six personnes, essentiellement des agents de méthodes et des agents commerciaux. « C’est important d’avoir des gens sur place pour interpréter les plans et pour communiquer dans la même langue », souligne Stéphane Turcotte. Le décalage horaire sera aussi mis à profit. Comme les employés travailleront de 8 h à 17 h de chaque côté de l’océan, le travail commencé en Pologne pourra être achevé à Montréal, alors que la journée de travail sera finie en Europe. « Ce décalage de six heures allongera notre journée de travail », se félicite M. Turcotte.
À moyen terme, Nétur envisage de produire en Pologne, peut-être en commençant par l’impression 3D avant de passer d’ici cinq ans à une fabrication locale. Rendu là, Nétur compte même bénéficier d’aides de l’Union européenne. « Après un an de présence sur place, nous pourrons demander des aides européennes », affirme M. Turcotte. Les fonds de l’Union européenne pourraient alors financer jusqu’à 60 % de chaque investissement, pour des projets de 2 à 3 millions d’euros (entre 2,7 et 4,2 millions de dollars), envisage le vice-président de Nétur.
Cette production polonaise ne prendra pas le travail réalisé à Saint-Hubert, assure M. Turcotte. « Ce bureau en Pologne nous aide à supporter nos opérations à Montréal, en contribuant à notre croissance », précise-t-il.