Hugue Meloche (Président et chef de la direction, Groupe Meloche)

 

Vous avez récemment reçu le prix de Fournisseur de l’année par Safran Transmission Systems, que représente cette distinction et quels étaient les critères pour recevoir ce prix?

Pour l’entreprise, et notamment pour les employés, il est extrêmement valorisant de recevoir une reconnaissance de la part d’un client. Développer un nouveau contrat, notamment à l’international, en Europe, a pris des années d’efforts, dans le cas de Safran entre trois ou quatre ans.

Nos clients nous évaluent notamment sur des critères en lien avec les temps de livraison, sur nos performances qualité ainsi que sur notre capacité à développer de nouvelles pièces qui répondent à leurs besoins.

Vous avez récemment obtenu une aide financière de 7 millions de dollars du gouvernement, pouvez-vous nous parler de votre stratégie d’investissement? Quels sont vos projets à venir?

Ce financement répond à notre besoin d’augmenter notre capacité de production pour répondre à d’importants contrats que nous avons remportés dans les dernières années, principalement sur les moteurs LEAP de la compagnie CFM (un joint-venture entre GE et Safran), sur le moteur Gear TurboFan de Pratt & Whitney, puis sur nos contrats en lien avec le Global 7000. Il s’agit de programmes d’avenir qui nous positionnent pour des décennies, ce sont des contrats à très long terme. Ceci amène des défis de recrutement. Nous cherchons actuellement environ 50 personnes sur un horizon de 18 à 24 mois.

Quel est le plus grand défi auquel vous êtes confronté actuellement pour assurer la croissance de votre entreprise?

Notre principal enjeu est lié aux ressources humaines et à l’embauche de nouveaux employés. Parvenir à avoir une cinquantaine de personnes, sur un horizon de 18 à 24 mois représente tout un défi car le marché de l’emploi s’est beaucoup resserré. Le Québec est presque au plein emploi, on constate une inflation dans les salaires. Il s’agit de l’enjeu numéro 1 pour notre entreprise dans les prochaines années.

Notre principal défi se trouve dans la main-d’œuvre des opérateurs de machines de production. Il s’agit de personnes qui vont travailler dans les cellules de production. On entre ici en compétition avec l’ensemble des compagnies manufacturières tous secteurs confondus, pas seulement en aérospatiale. De plus, la démographie ne nous aide pas, il y a de moins en moins de jeunes sur le marché du travail et ces derniers ont davantage de choix, il faut que nous proposions une offre de plus en plus attrayante.

Dans ce contexte nous poursuivons notre recrutement à l’international mais cela ne sera pas suffisant. Il faut améliorer la diversification de notre main-d’œuvre en nous connectant davantage sur les bassins d’immigration et favoriser l’embauche des femmes, des immigrants qualifiés et des travailleurs plus âgés.

De plus, nous sommes situés en périphérie de Montréal et notre positionnement géographique nous procure un défi supplémentaire pour attirer la main-d’œuvre issue de l’immigration. C’est pourquoi nous voulons sensibiliser le gouvernement à ces enjeux afin qu’ils nous accompagnent avec divers programmes de sensibilisation.

De quelle façon vous êtes-vous adapté au virage 4.0 et en quoi cette adaptation est nécessaire à la croissance de votre entreprise?

Cela fait des années que nous investissons dans tout ce qui touche au 4.0. Nous n’avons pas le choix car il faut être compétitif internationalement et cela passe par l’automatisation de nos procédés et la connectivité de nos équipements. Également, étant donné que la main-d’œuvre est difficile à trouver, il faut automatiser davantage nos outils pour maintenir nos cadences de production.

Nous avons décidé d’investir notamment dans notre architecture d’entreprise, notre architecture TI. Nous avons donc effectué un travail important sur notre gouvernance TI afin de bien structurer notre équipe à ce niveau-là. Récemment nous avons été audités dans le cadre de l’Initiative MACH FAB 4.0 et nous avons obtenu un excellent score, ce qui nous a confortés dans notre décision. Aujourd’hui, nos investissements en 4.0 commencent à démontrer des bénéfices, et ce n’est que le début.